15.5.13

10 & 11 mai 2013

Dunlewey!



Dunlewey est un tout petit village au pied du Mont Errigal, le plus haut sommet du Donegal ( 752m). "Dunlewey" est un anglicisme, comme quasiment tous les noms de villes ou communes par ici, et vient donc du gaëlique "Dún Lughaidh", qui signifie "Lugh's Fort", le Fort de Lugh. Dans la mythologie irlandaise, Lugh est le dieu du soleil.
(C'est aussi le père du héros irlandais Cuchulainn, tué par les sbires de la Reine Maeve, qui serait enterrée sous le cairn au sommet du Knocknarea, county Sligo, que j'ai gravi quand j'étais à Strandhill, pour ceux qui suivent !!)
 La légende veut que Lugh tua ici son grand-père, Balar le Cyclope, en transperçant de son Epée l'oeil maléfique et empoisonné de Balar. Le poison rouge de l'oeil gicla, s'incrusta dans le granite des montagnes de la vallée, et rejoignit la rivière, puis le lac pour finalement creuser un sillon jusqu'à la mer. C'est comme ça que la vallée qui s'étend au bout du Dunlewey Lough (lac) fut nommée Poisoned Glen; "glen", en irlandais, signifiant "petite vallée". Depuis ce jour, Lugh revendiqua Dunlewey comme sa terre, son domaine, "Lugh"s Fort"...

Quand j'arrive ici, je pars donc en balade vers Poisoned Glen.
 Dunlewey Lough, et derrière, Poisoned Glen

 A ma gauche, Mount Errigal.

Sur le chemin...


Au bout du lac, The Old Church, aujourd'hui à l'abandon.


Poisoned Glen !
(Drôle de montagnes, je ne crois pas en avoir vu de comme ça auparavant!)


(The Old Church et Mount Errigal)

Le lendemain, dilemme: grimper Errigal, ou aller voir du côté du Glenveagh National Park, à 20 km d'ici, dans la vallé d'à côté.

Bon, clairement, là ce n'est pas possible de grimper au sommet, avec le vent qu'il y a et ces nuages bien bas, ce serait trop dangereux.

Direction Glenveagh National Park!
Je ne le regretterai pas...

Je suis donc ici dans un des six Parc Nationaux d'Irlande. Celui-ci comprend 16,000 hectares de terre au milieu des Derryveagh Mountains.
Entre 1857 et 1861, un riche propriétaire achète ces terres, avec en tête de créer un gigantesque espace de chasse. Il se fait rapidement haïr de tous après avoir, en 1861, fait déplacer/expulser 244 habitants de la vallée, pour pouvoir réaliser son rêve. En 1867, il  commence la construction d'un château, le Glenveagh Castle, au milieu de la rive sud du lac. Il meurt prématurément avant d'avoir achever son projet... Sa femme poursuit néanmoins le projet, et introduit des cerfs dans le parc dans les années 1890. Elle poursuit également l'aménagament du château et des environs... Elle l'occupe jusque 1916, meurt en 1921 et jusque 1929, à part l'occupation qu'en font les forces Anti-Traité et les partisans d'un Etat irlandais libre, pendant la Guerre Civile irlandaise, le château et ses terres est plus ou moins laissé à l'abandon.
Puis différents propriétaires se succèdent, développent le jardin, le potager,... En 1975, le tout est vendu pour en faire un Parc National, qui ouvre au public en 1984...

Vue à l'entrée du Parc...


Je rejoins le château à pied depuis l'entrée.
Sur le chemin...

(Muckish Mountain, 670m.
Et les nuages gris à droite qui déversent leur pluie !)

Bon. J'arrive au château, traverse une première fois le jardin, puis monte au Viewing Point, qui redescend par l'est du jardin... où je finis pas passer le plus clair de mon après-midi. 
Je crois que c'est un des endroits les plus MER-VEIL-LEUX qu'il m'est été donné à voir.
Du coup, je ne vais pas mettre mes photos en ordre chronologiques, parce que je veux finir par celles du jardin...

En attendant...
Je monte donc au Viewing Point, qui permet de surplomber le lac.
Sur ma gauche...

Le temps est fou encore aujourd'hui, j'ai commencé à l'entrée du Parc sous un ciel bleu, maintenant je peux voir la pluie arriver...


Le lac, et le château en contrebas...



Le pluie se transforme en grêle, incroyable; et pas des moindres !!


Je redescends...


(Le temps se dégage...)

Le "Jardin Clos" (Walled Garden), en fait un beau et grand potager, derrière le château.


 La maison du jardinier !


Le lac depuis le château...


Bon, le jardin, le jardin !!
The Pleasure Garden.

Il y a donc le château à flanc de colline, et derrière le château, ce jardin qui monte la colline, en une multitude  de chemins indicernables tant qu'on ne les emprunte pas. Et ils serpentent, et m'emmènent d'un coin à un autre, et me transportent d'une merveille à la suivante, dans une suite d'ébahissements sans fin... Toutes ces nuances de vert, des feuilles, aux plantes, aux pelouses, aux mousses,... d'où éclate tout à coup un buisson rose, un arbre rouge, des pétales violettes... Je crois chaque fois avoir atteint le sommet des délices mais quelque chose d'autre attire mon attention, une couleur encore inédite, un rayon entre les arbres, une odeur, une ombre... 
Et le crescendo reprend de plus belle...
Le ravissement est de tous les instants en ces lieux !

(Et là j'expérimente les limites de mon petit appareil photo; mes photos ne rendront malheureusement jamais toute la beauté de ce jardin !!)


















Et alors que je sors de ce jardin, éblouie, étourdie, croyant pour de bon cette fois avoir atteint le summum du summum, j'entre dans le potager, et tombe sur ce panneau, où je peux lire ce poème (désolée pour ceux qui ne lise pas l'anglais, mais je ne peux décemment pas traduire ça!):

Here, the gardeners are working hard
in the peaty mountain soil;
digging and pegging,
toiling rhythmically in the sun;
keeping an eye on what is ripening,
on what is withering, watchful of every sign,
it seems, in order to keep the garden
blossoming.

But I do not know the names of the flowers, alas
Nor a language for this beauty of colours;
I, who am so meticulous
in naming things precisely,
am lost for words in the presence
of all this flowering
which dazzles me
from the earth and from the grass.

And here I am, like a novice, digging
in the soft soil of language;
scattering syllables like seeds
in the cold furrows of poetry;
hoping they will flower
on the stem of the word -
so that I will know exactly
some day, soon,
their name, their species and their diversity.


Et là, c'est le sacre.
Ce poème (dont je ne touve pas l'auteur...) suit tellement ce que je vis ici, je crois qu'il a été écrit pour moi !


Au retour...


Depuis la voiture qui me prend en stop, le Mont Errigal! (sur la gauche)

Couché de soleil sur Church of the Sacred Heart.


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