28.5.13

21, 22 & 23 mai 2013

DERRY !!



Bon, Derry, mon premier endroit en Irlande du Nord
Même si maintenant on passe la frontière sans s'en rendre compte, l'Irlande du Nord fait partie du Royaume-Uni. 
Je ne vais pas rentrer dans tous les détails, mais j'aimerais quand même essayer de brosser un portrait général de la situation. Après une (très) longue période de conflits, de guerre, et quelques 3500 morts, des cessez-le-feu, des reprises de combat,... un accord est trouvé en 1998 (l'accord du Vendredi Saint): 
en gros, la province reste sous le giron du Royaume-Uni, mais est désormais gouvernée par une assemblée locale, dont les ministres sont issus de tous les partis de l'île et élus à la proportionnelle; 
un conseil Nord-Sud voit le jour, qui met en commun la gestion de certains domaines comme l'agriculture, l'éducation (mais pas la défense, ni la police,...). 
Et s'il doit y avoir un changement quand à l'unificatiion de l'Irlande du Nord au reste du pays, ce sera obligatoirement la conséquence d'un vote à majorité absolue. 
En 2005, l'IRA annonce renoncer à la lutte armée, définitivement.


Ce processus de paix n'empêche évidemment pas des factions dissidentes de l'IRA ou de groupes loyalistes de montrer leur désaccord, des attaques sont à noter de par et d'autres au cours des années 1990 et 2000, également des désaccords entre hommes et femmes politiques, mais grosso modo, ça marche, et en mars 2010, le transfert des pouvoirs de police et de justice de Londres à Belfast est validé; c'était la dernière étape du processus de paix...


Du coup, fini les euros, les kilomètres,... je compte tout en pounds, miles, inch ! 


Première étape donc, Derry.



 En gaëlique, ça donne Doire, c'est-à-dire oak grove en anglais, bosquet de chênes. Mais son nom légal est en fait Londonderry; "London" ayant été ajouté en 1613, pour souligner le parrainage de la ville par les corporations de Londres... Autant dire que Derry a toujours fait partie des points chauds du conflit "nord-irlandais".
Fresques, tags, plaques commémoratives, explicatives,... on ne peut pas passer à côté du passé de cette ville quand on se promène ici.


==>Je pourrais balancer mes photos de la ville comme ça, mais je pense que beaucoup d'entre elles resteraient incompréhensibles sans quelques notes explicatives du background historique de cet endroit. Et puis, c'est une bonne occasion de "redire" un petit peu de cette H/histoire, dont je ne sais pas si elle est très connue, ou très claire pour nous français...
Du coup, Histoire oblige, il sera ici pas mal question d'histoire(s)!


(N.B: je ne me lance pas ici dans un récit détaillé de tous les évènements et moments complexes de cette période. Je vais seulement essayer de retracer dans les grandes lignes quelques évènements majeurs qui ont eu lieu ici, et dont les murs de la ville nous parlent encore... De plus, je ne mentionnerais que les faits en rapport avec la ville de Derry; il est évident qu'en plus de ceux-ci et sur la même période, d'autres évènements ont lieu, ailleurs en Irlande du Nord... )



Derry est une ville fortifiée, elle s'est donc construite autour de ses remparts, qui demeurent quasi intacts, et sur lesquels on peut agréablement se promener.
Les remparts, construits entre 1614 et 1618 pour protéger les colons anglais, font 1,5km de long, 8m de haut, peuvent aller jusque 9m d'épaisseur, et possèdent quatre portes


On peut aussi y voir une collection de 24 canons.




En 1689 a lieu le Siège de Derry.
 En pleine guerre de succession pour le trône anglais, Jacques II (catholique) vient à Derry, attaquer Guillaume d'Orange (protestant) alors retrancher à l'intérieur des remparts avec son armée. Le siège dure 105 jours, avant que Jacques II ne recule devant les troupes orangistes venues en renfort. L'armée de Jacques II est vaincue un an plus tard, le 12 juillet 1690, à la célèbre bataille de la Boyne. La victoire de Guillaume d'Orange est d'ailleurs fêtée chaque année à cette date par les loyalistes.


(St Columbs Cathedral)
(Les irlandais n'étaient pas autorisés à vivre à l'intérieur des murs, c'est pourquoi les églises ou cathédrales qu'on trouve à l'intérieur sont protestantes ou presbytériennes, il me semble.)


La ville fortifiée se trouve donc au centre, à l'ouest des remparts se trouve les quartiers catholiques (Bogside ("Bog", "Tourbière, "Bogside", "Du côté de la tourbe"), Brandywell, Creggan) et à l'est, celui historique protestant, de Fountain.


Là, de l'autre côté du mur, on peut voir un drapeau flotté, c'est celui d'Ulster (c'est-à-dire Irlande du Nord; pour République d'Irlande, on peut aussi dire Eire). 
Entre 1953 et 1972, c'était le drapeau officiel du gouvernement d'Irlande du Nord; désormais, c'est devenu l'emblème des loyalistes d'Ulster (croix rouge sur fond blanc comme sur le drapeau anglais, la couronne comme signe de fidélité à la couronne d'Angleterre, la main rouge, symbole d'Ulster)


Un peu plus loin, (carrément) un drapeau anglais.

Le petit cimetière de Saint Augustin's Church.

De ce côté, les remparts donnent sur le quartier catholique du Bogside.
(On peut voir quelques fresques d'ici,et le mur de Free Derry, je reviendrai là-dessus plus tard...)


Plus haut, Brandywell et Creggan, et l'immense cimetière du Creggan

A l'intérieur des remparts, un Craft Village, qui est une reconstitution de rues et la places des XVIIIème et XIXème siècle. 







Ensuite, direction le quartier de Fountain. Comme j'ai dit, c'est le quartier protestant historique, mais il est aujourd'hui réduit à pas grand chose, le "nouveau" quartier protestant se trouvant désormais de l'autre côté de la rivière Foyle (Waterside).
Quand on arrive à Fountain depuis les remparts (New Gate), voilà ce qu'on voit en premier.



"West Bank Loyalists", aussi connu sous son sigle WBL qu'on voit pas mal par ici; "Bank" ne veut pas dire ici "banque", mais "berge" ou "rive", en effet ce quartier se trouve juste sur la rive ouest de la Foyle. "Loyalists", pas besoin de traduire...
"No Surrender", "Sans Reddition", slogan des orangistes lors du siège de Derry, contre le catholique Jacques II...
Comme ça c'est clair, on sait où on met les pieds quand on arrive ici !


Juste après cette première fresque, cette seconde, au cas où on aurait pas compris...

Cathédrale de St Columbs à gauche, à droite, toute une série de drapeau d'Ulster,...

Détails...

Drapeaux anglais, canon du siège de Derry.
"La ville est et sera désormais toujours nommée et appelée la ville de Londonderry"
(En anglais, "town" désigne une petite ville ou le centre-ville, et "city", une ville à proprement parler, mais je ne crois pas qu'il y ait différents noms pour ça en français, donc je traduit les deux par "ville".)



De nouveau, drapeaux anglais et d'Ulster.
U.D.A: Ulster Defence Association (la plus grosse organisation paramilitaire loyaliste). Considérée comme "groupe terroriste" depuis 1992.
U.F.F: Ulster Freedom Fighters, ce que les loyalistes signaient quand ils revendiquaient des attaques. Illégale depuis 1973.



 Beaucoup de ces peintures bleu-blanc-rouge ici (pour les couleurs du drapeau anglais, hein pas de la France...).
Un véritable manifeste.


Principalement il y a deux ou trois rues avec des fresques. Le reste du quartier a l'air pas mal à l'abandon.






Quasiment toutes les bordures des trottoirs sont peintes aux couleurs de l'Union Jack.



"IN GOD WE TRUST"

WBLY, West Bank Loyalists Youth
La main rouge de l'Ulster.

"No Surrender 1998"
1998, date de l'accord entre les différents partis du conflit.


La Maison des jeunes du quartier...




Je trouve ce quartier beaucoup moins chaleureux et amical que le reste de la ville.
L'expression "l'air se raréfie" correspondrait assez bien pour décrire l'ambiance de cet endroit je trouve.



Avant d'aller de l'autre côté, un peu de musique et de Guinness !

Pub Peadar O'Donnell's 
(The birthday girl herself !!
23 ans à Derry !)

(Comme toujours dans les pubs, plein de trucs accrochés de partout! Pas mal de drapeaux, mais vraiment pas celui de l'Angleterre.)

Un autre bar, Sandino's, je crois que l'esprit du lieu est clair !




Derry tient peut-être une place un peu particulière dans "les Troubles", comme on dit ici, qui marquent une période allant de la fin des années 1960 aux années 1990 ou 2000.
Je voudrais prendre le temps de revenir un peu sur ces évènements.


En arpentant les quartiers catholiques du Bogside, puis ceux du Brandywell et du Creggan, les tags, et surtout les fresques, oeuvres des Bogside Artists, rappellent les faits qui ce sont déroulés ici, il n'y a pas si longtemps...
Les fresques sont les témoins d'évènements marquants de Derry pendant cette période de troubles.

Elles montrent ces évènements d'un point de vue intérieur, celui des habitants de ce quartier.
Les Artistes du Bogside, qui vivent ici depuis toujours, ont donc traversé toute cette période, et ce travail est pour eux une manière de dire cette histoire, de rendre hommage aux victimes, aux combattants, aux habitants, une manière "de reconnaître avec dignité, si ce n'est fierté, le prix payé par ceux qui furent les victimes de la lutte pour les droits démocratiques." (The Bogside Artists)


Grosso modo, cette période débute par un mouvement des droits civiques, qui lui-même commence et se termine à Derry, pourrait-on dire, par la répression sanglante de ses marches.

(Free Derry Museum)
(La feuille de chêne, symbole de la ville de Derry)

Jusque là, le découpage électoral est fait de tel sorte que les partis unionistes (cad qui défendent l'union de l'Irlande du Nord au Royaume-Uni) soient garantis de leur victoire, même dans les circonscriptions à majorité catholique. Parmis les catholiques, en gros seuls les propriétaires ont droit de vote. 
Ce qui donne au bout du compte le rapport suivant: 8 sièges pour 10 000 catholiques, 12 pour 7500 protestants.
En plus de ces différences de traitement électoral, les protestants passaient largement devant les catholiques pour l'obtention de logements sociaux et d'emplois.


Face à ces discriminations, et sur le modèle du Mouvement des Droits Civiques initié par Martin Luther King aux Etats-Unis, les irlandais du Nord se soulèvent à leur tour, en 1966.
Leur principale revendication concerne le droit de vote.


The Civil Rights Mural
The Beginning

Les Artistes du Bogside souligne ici que les gens allaient à ces marches enjoués, dans un esprit joyeux, on voit des visages souriant, des regards confiants sur cette fresque. Leur demande leur paraissait simple, et il semblait qu'à partir du moment où ils se lèveraient pour revendiquer ces choses allant de soi, le gourvernement les leur accorderaient...


Le 5 octobre 1968, une marche pour ces droits est organisée à Derry. 
La RUC (Royal Ulster Constabulary, Police Royale d'Ulster) bloque la route et charge la foule.
Ce sont ces images de répression d'une marche pacifiste (77 blessés) qui tournent les médias du monde sur ce coin d'Irlande, et ce qui s'y passe alors; cet évènement est souvent cité comme celui qui marquant le début des "Troubles".


Dans la nuit du 4 au 5 janvier 1969, après avoir réprimé une marche pour les droits civiques à Derry, la RUC envahit le Bogside.
Dès le 5 janvier, les habitants sécurise la quartier en érigeant des barricades tout autour du Bogside et du Creggan.
Sur le mur d'une maison située au début du quartier du Bogside, on écrit en grosses lettres noires:
"YOU ARE NOW ENTERING FREE DERRY".



Cette maison a été depuis détruite dans le cadre d'un réaménagement du quartier, mais les habitants ont émis le souhait que ce mur et son inscription demeurent .
Aussi, quand on entre aujourd'hui dans le Bogside, c'est ce mur qu'on voit en premier, au centre du boulevard.

L'inscription n'est pas d'origine, et le mur sert aussi à exprimer le soutien des habitants à tel peuple, tel personne publique venant à Derry,...
Qu'il prenne les couleurs de la Palestine (les Irlandais se sentent très solidaires de leur cause), du rose en 2007 pour la Gay Pride, ou qu'il dise "Bienvenue Martin Luther King III", comme ce fut le cas quand ce dernier est venu faire un discours quelques jours avant que je ne vienne moi-même, le mur finit toujours par reprendre sa forme d'origine.

Autre détail: il y a ce drapeau qui flotte au-dessus du mur. Un drapeau noir. Je ne sais pas si ma photo peut rendre cela, mais ce drapeau donne une très forte impression du mur et du lieu en général.
Depuis le 5 mai 2013, il flotte là en mémoire des Grévistes de la faim de 1981, pour les 32 ans du premier mort de cette Grève, Bobby Sands (5 mai 1981).


Les barricades du Bogside et Creggan sont levées une semaine après, mais les tensions restent vivent, et remontent de nouveau jusqu'à atteindre son pic le 12 août 1969, qui ouvre 3 jours qu'on appelle la Bataille du Bogside.

Bernadette
Battle of The Bogside

(Bernadette Devlin s'adressant à la foule pendant la Bataille du Bogside. Elle fut accusée d'incitation à l'émeute et d'avoir participé à ces évènements, et écopa de 6 mois de prison.
Les couvercle de poubelles étaient utilisées par les femmes et les enfants pour avertir d'un raid imminent de l'armée britannique.)


Le 12 août 1969, la traditionnelle marche des loyalistes pour fêter la fin du siège de Jacques II contre Guillaume d'Orange est alors vue comme une insulte aux irlandais catholiques.
La marche ne traverse pas le Bogside, mais passe juste à côté, entre Waterloo Place et William Street.
Des pierres sont lancés de par et d'autres, la RUC envahit le Bogside, dont les habitants ne tardent pas à remonter les barricades de janvier...
Les émeutes durent 3 jours: cocktails Molotov, pierres... contres matraques, canons à eau, blindés et gaz lacrimogène de l'armée.


The Petrol Bomber
Battle of the Bogside
(Ceci est la plus célèbre image de cet évènement, à l'origine une photo d'un reporter, alors à Derry.)


Le 13 août, le Premier Ministre irlandais fait une allocution télévisée s'adressant au gouvernement anglais: il promet d'envoyer l'armée irlandaise si le Royaume-Uni ne fait pas cesser ces attaques de la police anglaise...
L'armée irlandaise est en effet déployée tout le long de la frontière République d'Irlande/Irlande du Nord, mais s'en tient à donner des soins aux blessés qui affluent (plus de 1000 blessés au cours de ces trois jours d'émeutes)...


En réponse, le gouvernement britannique envoit l'armée anglaise dans les rues de Derry.
C'est la fin de la Bataille du Bogside: les habitants du Bogside acceuillent avec enthousiasme les soldats, croyant ainsi être protégés contre les attaques de la police et des loyalistes...


"The Petrol Bomber" est un tout jeune garçon de 12 ans à l'époque...
Il vit toujours ici.

The Saturday Matinee
The Rioter
(Cette image illustre typiquement les émeutes qui avaient lieu dans le Bogside entre 1969 et 1970.)


A partir de 1969, l'IRA (qui avait lâché les armes quelques années plus tôt) commence à se ré-armer.
Une Convention générale de l'IRA en décembre 1969 voit un première scission s'opérer au sein du groupe, entre les partisans d'une ligne militariste (qui implique un réarmement), donnant la PIRA (IRA Povisoise), et les partisans d'une ligne politique (abandon de l'abstention et reflexion sur une union avec l'extrême gauche), qui donne OIRA (IRA Officielle).


En août 1971, 300 hommes suspectés d'appartenir à l'IRA sont arrêtés et emprisonnés sans procès en Irlande du Nord. C'est "l'internement" qui commence à cette date.


Bloody Sunday 
January 30th, 1972

Le 30 janvier 1972, à Derry, la NICRA (Association Nord-Irlandaise pour les Droits Civiques) organise une marche de protestion contre la politique d'internement sans procès du gouvernement britannique. L'IRA avait assuré qu'elle n'interviendrait pas.
Le 1er Bataillon du Régiment de Parachutistes est envoyé à Derry pour arrêter les possibles émeutiers lors de la marche.


Comme à chaque marche, des pierres sont jetés sur les barricades toujours présentes, en direction de l'armée britannique.
On connait la suite... 
Les para ouvrent le feu, tuant 13 personnes en l'espace de quelques minutes, en blessent 14, dont un qui décède en juin 1972, portant le nombre de tués à 14.


La fresque Boody Sunday ci-dessus montre un groupe d'homme transportant le corps de Jack Duddy, 17 ans. Un prêtre les accompagne, agitant un mouchoir blanc.
Mais on sait que parmis les morts et les blessés, beaucoup l'ont été alors qu'ils allaient aider un autre tombé à terre, se mettre à l'abri, ou étaient couchés au sol...


Détail de la fresque Bloody Sunday, où le soldat britannique marche sur une banderole de la NICRA (on peut lire ici "Civil Rights Association"), tachée de sang.

Au moment des faits, les parchutistes affirment avoir ouvert le feu en réponse à des tirs portés à leur encontre.
Ils ont soutenu avoir tirés sur des hommes armés.
Les habitants, la NICRA, l'IRA, les photos et les films faits ce jour... tous témoignent que personne n'était armé parmis les blessés et les morts. Que les Para ont tiré délibéremment sur la foule.
Une enquête officielle blanchie l'armée britannique.


En janvier 1998, quelques mois avant l'accord du Vendredi Saint, Tony Blair, alors Premier Ministre, ouvre une nouvelle enquête.
Publié le 15 juin 2010 - soit 38 ans après la tragédie-, le rapport confirme l'entière responsabilité de l'armée britannique, leurs mensonges lors de la première enquête et l'absence de menace de la part des manifestants.


Le Gouvernement britannique prend acte du rapport, reconnait la responsabilité des parachutistes, et présente ses excuses...


The Bloody Sunday Commemoration
Bloody Sunday Victims

Cette fresque montre les visages des 14 victimes du Bloody Sunday, dont le plus jeune au milieu, tout juste 17 ans. Ils sont entourés de 14 feuilles de chêne, emblème de la ville de Derry


Bas du Mémorial du Bloody Sunday, toujours dans le Bogside.


A partir de là, les choses s'accélèrent.
Grèves et manifestations s'enchaînent, des négociations sont entamées sans aboutir... et le 24 mars 1972, l'Irlande du Nord est de nouveau administrée directement par Londres.
Début mai, toujours 1972, des prisonniers républicains organisent une première grève de la faim, pour obtenir le statut de prisonniers politiques, qui leur sera accordé en juin.
Les négociations reprennent, mais n'aboutissent pas; les attentats reprennent à leur tour. 
En juillet, 22 bombes de l'IRA explosent à Belfast, faisant 9 morts.


Le 31 juillet, plus de 20 000 soldats de l'armée britannique envahissent les quartiers catholiques à Belfast et à Derry, pour tenter d'en reprendre le contrôle. Tanks et engins de démolissions sont utilisés pour détruire les barricades, et entrer de force dans ces quartiers.
4 personnes sont tuées à Derry, dont un membre de l'IRA non-armé, et un civil de 15 ans.
C'est l'Opération Motorman.



Operation Motorman
The Summer Invasion

Voilà, je m'arrêterai là pour ce qui est d'histoire(s) propre(s) à Derry, qui ont marqué le début des Troubles.

The Runner
(Cette fresque dépeind le quotidien des jeunes de Derry tout eu long de ces années d'émeutes, de luttes,... Les gaz lacrimogènes étaient fréquemment utilisés.)


Il y eu d'autres morts, d'autres attaques des uns et des autres...
Il y a d'autres fresques aussi.
Mais je m'en tient là.



Avant de sortir de ce quartier pour aller voir du côté du Creggan et de Brandywell, quelques derniers éléments des rues du Bogside.


Ces fresques se trouvent quasiment toutes le long de Rossville Street. Tout au bout de celle-ci se trouve le mur de Free Derry.
Au milieu on voit ce monument dédié au morts d'une seconde grève de la faim, la plus connue, celle de 1981 sous le règne de Tatcher.
Des républicains emprisonnés à la prison de Maze, aussi appelé prison de Long Kesh, ou encore Block H, se mirent en grève les uns après les autres pour réclamer le statut de prisonnier politique, que Tatcher ne voulait pas leur accorder.
Le premier à mourir est le plus célèbre d'entre eux, Bobby Sands, mort le 5 mai 1981. En tout 10 grévistes meurt entre mars et octobre 1981.

Sur ce Monument au morts du Block H, on trouve leur nom.

Et au début de Rossville Street, il y a cette fresque, The Peace Mural.

"The colours of the mural say that peace without freedom is no peace at all." 
The Bogside Artists


Le Musée de Free Derry.
Les fresques qui l'ornent sont assez explicites je pense...


Je me dirige maintenant vers les quartiers de Brandywell et Creggan.


Sur le chemin...





(BRY = Bogside Republican Youth)



En montant vers le Creggan...


(Le mur d'enceinte du terrain de foot de Derry)

(POWs = Prisoner of War)

(Il va sans dire que la langue gaëlique était également réprimée par les autorités britanniques.
La période des Troubles a redonné du souffle à l'enseignement de cette langue.)




(Devant le pub Sandino's)


The Hand Across The Divide, 1991
Deux hommes essayant de se serrer la main, au-dessus d'un fossé énorme...


The Peace Bridge, 2011
Pont pour piétons et cyclistes construit pour réunir les deux rives de la Foyle, le centre ville (rive ouest) étant désormais majoritairement catholique, et l'actuel quartier plus protestant (Waterside) étant maintenant sur la rive est...




Free Derry Corner


Voilà. Derry.
Une ville qu'on peut pas vraiment qualifier de "mignonne" comme peut l'être Galway par exemple.
Mais c'est une ville épaisse. Il y a vraiment quelque chose ici. On s'attache au lieu.










Encore un fois, mes petits paragraphes sur ces évènements sont tout à fait partiels et résumés.
Si parmis ceux qui visitent ce blog, des erreurs sont remarquées, ce serait chouette de me le mentionner, que je corrige. Déjà que tout ça est insuffisant, si en plus c'est incorrect...

Et pour plus de détails sur toute cette période, il faudra lire l'anglais !
Conflict and Politics in Nothern Ireland: http://cain.ulst.ac.uk/index.html
Documentaire sur la Bataille du Bogside: http://www.youtube.com/watch?v=wGKzVYMqDS8
Musée de Free Derry: http://www.museumoffreederry.org/